Le rapport du Conseil National de Productivité (CNP) du janvier 2021 examine l'impact de la crise COVID-19 sur la productivité et la compétitivité en France. Il met en lumière la nature unique de cette crise, marquée par son ampleur, sa rapidité et son impact sectoriel varié. La crise a généré des coûts importants pour lutter contre l'épidémie et a provoqué une réduction de la capacité de production, ce qui a augmenté les coûts unitaires.
En 2020, la France a mis en place des mesures d'urgence et de relance d'un montant de 7,6% du PIB (185 milliards d'euros), sans compter les mesures de liquidités et de garanties, avec un plafond de 17% du PIB. Le déficit public est prévu à 11,3% du PIB en 2020, ce qui a été facilité par une politique de la banque centrale européenne sans précédent.
Durant le premier confinement, l'activité économique a chuté beaucoup plus rapidement que l'emploi salarié. Selon l'Insee, l'ensemble de l'année 2020 devrait voir une baisse du PIB de 9% et une baisse de l'emploi salarié de 2,3%. Cela indique une forte rétention de main-d'œuvre de la part des employeurs, favorisée par le recours au chômage partiel, ce qui peut être interprété comme une forte baisse de la productivité du travail.
Cependant, la crise a aussi eu un impact sectoriel. Les secteurs caractérisés par une productivité du travail relativement faible, tels que l'hébergement-restauration ou les services aux ménages, ont été plus touchés que d'autres secteurs, comme l'aéronautique.
La chute de la productivité des secteurs les plus touchés est probablement temporaire, surtout grâce à l'arrivée du vaccin. Cependant, la crise pourrait avoir des conséquences durables sur la productivité si elle affecte les mécanismes qui déterminent sa vigueur, par exemple par la baisse des dépenses de R&D.
L'un des enjeux de la politique économique aujourd'hui est d'éviter que le choc économique de la crise sanitaire ne se transforme en un choc persistant, en particulier sur la productivité. La politique économique doit également prendre en compte l'éventualité de la défaillance d'un trop grand nombre d'entreprises productives en temps de crise.
Les politiques d'urgence et de relance ont permis de "mettre en hibernation" nombre d'entreprises, expliquant la diminution des défaillances. Cependant, notre analyse empirique suggère que les défaillances actuelles, même en nombre réduit, sont déterminées par la productivité et la dette des entreprises. Les défaillances des entreprises des secteurs les plus touchés sont plus nombreuses que prévu.